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Portrait d’artisane : Aurélia Ranzini, conteuse de bijoux oniriques.

publié le 27 mai 2022   auteur: corine  254 lectures

Le 28 décembre 2021, je suis allée à la rencontre d’Aurélia Ranzini conteuse de bijoux oniriques et créatrice de l’entreprise La Tisserande d’Arduina située à Dinan dans les Côtes-d’Armor (22).

Présente-toi en quelques mots

Je m’appelle Aurélia Ranzini, j’ai 32 ans. Je suis conteuse de bijoux oniriques. Je fabrique des bijoux uniques avec un savoir-faire et des techniques ancestrales.

Pourquoi as-tu choisi le nom La Tisserande d’Arduina ?

Au début, l’atelier portait mon nom. Puis il y a 2 ans, je me suis dit qu’il fallait lui trouver un nom bien à lui qui se base sur la nature et l’onirique.
J’ai donc choisi le mot « Tisserande » pour le côté tissé de mes créations.
J’évolue, mais j’utilise depuis mes débuts une technique nommée le « wire wrapping ». Elle est une manière ancestrale de créer bijoux et objets de décoration à partir de fils de métaux tissés et tressés le tout, sans autre usage de matière comme la colle ou la soudure.
Puis « Arduina » est une déesse de la faune, protectrice de la forêt des Ardennes de la mythologie celte, que j’apprécie beaucoup.

Parle-moi de ton parcours professionnel

Je n’ai pas vraiment de parcours, j’ai toujours fait des activés créatives que ce soit de la couture, de la pâte à modeler, des bijoux en perle ou de la pâte fimo. J’ai parfois pensé à en faire mon métier mais les métiers créatifs ne sont pas toujours bien vus malheureusement.
J’ai donc fait un bac puis je suis allée à la fac mais ça ne me correspondait pas. Je suis partie travailler dans plusieurs domaines (événementiel et restauration).
Pendant 10 ans, j’ai essayé de tout faire sauf de la création. J’ai essayé de trouver ma voie alors que je l’avais trouvée depuis longtemps mais je pensais que ce n’était pas viable.
Il y a 4 ans, en voulant me remettre au tricot, je suis tombée sur des articles de ce que l’on appelle “le tricot viking”. J’ai commencé à m’intéresser à ce sujet, puis j’ai rapidement voulu essayer. Une chose en amenant une autre, j’ai commencé à lire et à visionner de nombreux articles et vidéos sur la création de bijoux en fils de cuivre.
Puis il y a 1 an, j’ai suivi une formation en bijouterie traditionnelle afin de pouvoir mélanger différentes techniques de bijouterie. J’ai toujours été une personne manuelle et j’ai fini par accepter que je ne sois pas faite pour autre chose.

Pourquoi cette passion pour les bijoux ?

Depuis toute petite, j’ai besoin de créativité et de travail manuel, j’ai toujours aimé faire. Avec ça, je dessinais aussi un peu avec mon père qui se débrouille très bien et ma mère est une fervente lectrice et écrivaine. Ça a forcément un peu déteint sur moi !

Comment tu t’inspires pour faire tes bijoux ?

Mon inspiration vient certainement du fait que j’ai toujours été très rêveuse et avec la lecture, passion héritée de ma mère, j’ai beaucoup développé mon imaginaire et ma créativité.
L’essentiel de mon inspiration vient de là, mais également un peu du cinéma et des séries qui nourrissent mes propres univers ainsi que, bien entendu, de la nature pour source principale.

Arrives-tu à vivre de tes créations de bijoux ?

Pas pour le moment, je me suis lancée à temps plein en mars 2021.
Avant de lancer mon entreprise, je me suis renseignée sur le temps que cela mettrait avant d’avoir quelque chose de significatif pour en vivre. Les droits au chômage que j’ai pu accumuler avant tout ça me permettent de me développer à tête plus reposée.
Mon entreprise est en évolution et j’espère en vivre d’ici 2 ans.

As-tu eu des craintes avant de te lancer dans cette aventure ?

Oui et encore aujourd’hui.
Mais j’ai mis 29 ans à trouver ce que je voulais faire de ma vie et je ne suis pas prête de lâcher l’affaire.
Ce n’est pas facile car je m’adresse à un public particulier dans une époque particulière.
J’ai des craintes aussi car j’ai fait des choix qui dans notre monde de l’immédiat, du prix toujours plus maigre et de l’import ont un poids.
Je travaille de la pièce unique, jamais de série, le tout entièrement réalisé à la main de A à Z ce qui me fait pratiquer des prix et parfois des délais qui ne sont pas ceux du « grand commerce ».
J’ai aussi pour but de travailler le plus possible en local avec des artisans et prestataires proches de chez moi. Pour moi, c’est ça l’artisanat, faire grandir les autres passionnés avec soi.
J’essaie aussi de tendre vers un fonctionnement aussi respectueux de l’environnement que je le peux etc…
Tout cela à un coût supplémentaire qui pèse un peu sur mes petits chiffres d’affaires et retarde le jour où je me verserai un salaire correct. Pour autant ce sont des objectifs sans lesquels je ne me verrai pas avancer et que je place en priorité dans l’ordre d’évolution de l’atelier.
Ça demande sans cesse beaucoup de communication pour réussir à avancer mais je n’abandonnerai pas, le jeu en vaut la chandelle !

Que préfères-tu dans ton travail ?}

C’est la création sans hésiter ! Mais c’est ce qui prend le moins de temps dans mon quotidien.

À contrario, j’ai du mal avec la vente car vendre ses propres créations, c’est vendre un bout de soi ce qui n’est pas un exercice facile.
La vente et la communication sont les deux choses qui prennent le plus de place dans ma vie de tous les jours. La création est le temps le plus petit de tout le processus et je trouve ça très frustrant. J’aimerais qu’elle prenne plus de place.
Cependant, les parties moins appréciées apportent leur lot de connaissances, la vente m’a permis de développer des compétences en stratégie marketing et communication par exemple.

As-tu une journée type ?

Non jamais, c’est totalement aléatoire et ça dépend des périodes. Le fait de ne pas avoir de rythme prédéfini, c’est aussi ça que j’adore dans mon métier !

En quelques mots, comment fabriques-tu un bijou ?

Ça dépend des collections prévues et des techniques que je vais avoir envie d’employer, par exemple :

Je pars d’une plaque de métal que je vais découper et travailler où j’intègre des moments de gravure, puis je vais choisir d’ajouter du fil en tissage ou une pierre en serti clos... Il y a ensuite l’étape de patine ce qui permet de donner un aspect vieilli aux matériaux. C’est un processus d’accélération du vieillissement qui permet de faire ressortir les ombrages et les volumes. Enfin, je finis par le montage.

L’atelier
L’atelier

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui voudraient se lancer dans l’artisanat ?

Ne pas hésiter à se lancer et à tout essayer  ! Si tu as trouvé ta voie, il ne faut pas baisser les bras et toujours persévérer car ce n’est pas facile mais ça ne doit pas être décourageant. Il ne faut pas avoir peur des échecs, ce ne sont que des apprentissages et c’est ce qui t’aide à avancer. Ils te poussent toujours à aller plus loin.

Tu es heureuse d’avoir fait le choix de te lancer dans l’artisanat ?

Oui, car je travaille pour moi, je ne le regrette pas et dans tous les cas de figure j’aurai tout essayé pour aller jusqu’au bout de mon projet. De plus, j’ai beaucoup de chance d’être bien soutenue par mon entourage.

Penses-tu que notre société tend à revaloriser l’artisanat ?

Oui et non, j’ai l’impression que ça marche par vague de mode et ce n’est pas normal ! Nous avons été plusieurs artisans à le constater avec la covid, il y a eu un énorme élan de mode de l’artisanat, des marchés, du consommer local etc... Ce qui est très bien mais à partir du moment où les grandes boutiques et centre commerciaux ont réouverts ça s’est stoppé net et c’est devenu encore plus difficile. Les personnes ont retrouvé leur mode de vie d’avant et il y a eu un arrêt de soutien de l’artisanat ce qui s’est vu notamment à Noël par exemple. Mais se faire une place dans ce milieu pour exaucer ses rêves et participer à la revalorisation de l’artisanat, des artistes, des petits commerces et métiers de proximité reste un beau combat et une belle raison d’avancer et de se lever tous les jours !

Le Portrait chinois

Si j’étais une œuvre artistique ou artisanale : sans hésiter, le petit prince qui est mon livre préféré
Si j’étais un matériau : le cuivre
Si j’étais un outil : une pince à bijou (j’en ai une 20 aine)
2 choses que j’aime : la nature et la création (et le chocolat)
2 choses que je déteste : l’injustice et l’hypocrisie
Dans 5 ans : je me vois vivre de ce que je fais dans ma nouvelle maison avec mon atelier.
Votre actualité : le planning est en construction, j’ai plusieurs collections à venir...

>>> Voyager dans l’univers de la Tisserande d’Arduina et découvrir ses collections tous ses liens professionnels
>>> Sa boutique en ligne

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"J’ai été ravie de rencontrer Aurélia qui est une personne passionnante et passionnée. Je lui souhaite beaucoup de réussite pour la suite" Léa Hardy

Léa Hardy est étudiante en Bachelor Webmarketing et Social Media à Vannes, elle a rédigé cet article dans le cadre d’une collaboration avec Aurélie Begat enseignante à My Digital School Vannes et crealOuest. Merci à tous !.

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